Rappelons-nous que les premières truffières artificielles furent plantées par Joseph Talon, vers Saint Saturnin les Apt dans le Vaucluse. Connu pour son célèbre dicton " si vous voulez des truffes, plantez des glands ", il fût largement suivi par Mr AUGUSTE ROUSSEAU, né à Carpentras en 1808, qui planta sept hectares de chênes truffiers dans sa propriété située au quartier du Puits du Plan. . Il décida de favoriser, d'augmenter, de rendre certaine la production de truffes. | C'est donc, surtout en Provence, dans les départements du Vaucluse et des Alpes de Hautes Provence que la culture de la truffe a fait les plus remarquables progrès. Les Rabassiers de Provence avaient compris qu'il fallait choisir uniquement des glands de chênes donnant la truffe noire TUBER MELANOSPORUM, contrairement à ceux des autres régions. Les paysans du VENTOUX, les plus habiles de la Provence, tenaient soigneusement secrets leurs découvertes et leurs procédés, tant cette culture était lucrative. | Mr Rousseau, négociant de son état, connaissant bien ces Rabassiers du Ventoux, décida d'appliquer ces principes sur ses terres du Puits du Plan de Carpentras. Il planta en majorité des chênes verts, plus prolifères à son avis, alors que son ami de Montagnac dans les Alpes de Hautes Provence, Mr Martin-Ravel, préféra les Chênes à feuilles caduques. Les plantations faites en Pin d'Alep en 1824, par le Marquis des Isnard, autour de son château du Martinet près de Carpentras, produisait des truffes qui n'étaient pas du goût de Mr Rousseau car elles avaient une odeur de résine. C'est donc à l'Exposition Universelle de Paris en 1855 que Mr Rousseau envoya les premiers échantillons de truffes obtenues dans ses terres, et que lui fût décernée sa première Médaille d'or de première classe. La trufficulture était rentrée dans le domaine de l'agronomie grâce à lui. Tour de guet en arrière plan | En 1857, le comice agricole de Carpentras, chargea une commission de neufs membres d'aller visiter les plantations de Mr Rousseau. Quelle ne fût pas leur surprise de récolter 17 kg de truffes en trois heures ! | En 1858, M le Marquis des Isnard, de la Société d'Agriculture de Vaucluse, fût dépêché sur les lieux, et sous ses yeux, 25 kg de truffes furent extraites du sol par le groin des porcs ! Ces trésors furent si convoités que certains producteurs du Comtat Venaissin furent obligés de construire des Tours de Guet pour se protéger des braconniers. Comme l'indique M. Rocchia dans ses livres, le braconnage est sévèrement puni par la loi, surtout sur les plantations nouvelles. En 1866, Mr le Ministre de l'Agriculture invitait Mr le Préfet du Vaucluse à nommer une commission à l'effet de visiter ces célèbres truffières. Cette commission en visita de nombreuses dans la région du Comtat Venaissin - Mt Ventoux et constata " la présence de grandes quantités de truffes de dimension moyenne, bien saines, d'un bon parfum, en un mot de qualité irréprochable. Cette commission visita aussi l'arrondissement d'Apt où des plantations avaient été faites et où existait un marché important. | La Maison Rousseau, qui, en 1832, n'avait expédié que 9000 kilogrammes de Truffes, en livrait en 1866, 54 500 kilogrammes, les Maisons Bonfils, Chauvin et Baudoin, aussi de Carpentras, faisaient chacune de leur côté des affaires considérables. ( La Truffe M Chatin 1869) | Mr Rousseau est incontestablement celui qui a encouragé la création et la vulgarisation de la trufficulture. Il reçut du gouvernement français les plus honorables récompenses. Il est donc juste de lui rendre hommage et de rétablir la vérité. " Dans le Vaucluse, les particuliers qui récoltent la truffe se sont fait des revenus inespérés ; des communes, autrefois pauvres et sans ressources, s'en sont fait un budget prospère ". La méthode Appert, permettant une bonne conservation, permit au monde entier de découvrir la truffe noire et d'en faire " un complément raffiné des tables soignées de Paris à Londres, de St-Petesbourg aux lointaines cités du Nouveau Monde " | Le neveu et successeur de Mr Rousseau, Mr Adrien Rousseau écrivait en 1898 dans le Livre d'Or de l'Industrie et du Commerce de Vaucluse | " Nos truffes se présentent partout sous le nom de truffes du Périgord. C'est de notre part, trop de modestie, car ce n'est qu'une appellation erronée, comme on dit truffes du Dauphiné pour celles du Haut Comtat ". C'est pour mieux dire, une appellation de complaisance, une façon de parler empruntée uniquement à une tradition contre laquelle nous avons dédaigné de protester, car le Périgord fait ici, à notre égard, comme Améric Vespuce fit à l'égard de Christophe Colomb concernant l'Amérique MAIS, la vérité, est que notre Comtat Venaissin apporte à la consommation universelle sa grande, sa majeure contribution. Les trois quarts des truffes consommées à Paris, par exemple, viennent de nos montagnes Comtadines. Et ce que nous disons de la quantité est aussi vrai de la qualité, où nous sommes au premier rang. " nos truffes, d'après Ferry de la Bellone, possèdent une puissance de parfum plus élevée, et partant, plus communicative, et elles sont recherchées précisément pour cette raison qu'il en faut une moindre quantité pour obtenir un résultat équivalent " " Aussi, achetées en Comtat Venaissin en pleine connaissance de cause, c'est sous le nom de truffes du Périgord qu'elles sont également vendues. C'est ce qui explique comment la Maison Rousseau située en plein Comtat Venaissin, ne vend, pour se conformer à l'usage traditionnel, ses produits que sous le nom de Truffes du Périgord. " Truffes dite du Périgord, récoltées à Carpentras | Une explication digne d'intérêt que m'a donnée un ancien conserveur de truffes de Carpentras concernant l'appellation " truffes du Périgord" "Le Sud ouest par son climat humide et chaud était gros producteur de maïs et de céréales. La région était naturellement productrice de volailles et notamment d'oies et de canards. Le fois gras de canard ou d'oies étaient principalement produits dans cette région , connus et vendus dans le monde entier. Aussi, profitant de la notoriété internationale de cette région, et les foies gras étant parfois truffés, il était plus intéressant et plus facile pour les gros conserveurs du Sud-est de bénéficier de cette appellation. Ce n'est donc que par facilité que nos conserveurs provençaux ont pris cette marque". |
|